mardi 31 janvier 2012

La horde du contrevent

Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime.

Ce livre de Alain Damasio fait partie de ces livres qui ne laissent pas indifférents et qui nécessitent un minimum d'attention et d'investissement pour être appréciés à leur juste valeur. En effet, l'ouverture du livre n'est pas des plus aisées et il faut se faire à l'idée de suivre 23 personnes qui forment un groupe soudé et qui vont, tour à tour, devenir les narrateurs de l'histoire. 
Et c'est bien la force du livre que de décrire les évènements sous le jour de ces 23 caractères bien différents les uns des autres. Une fois le deuil fait de la simplicité et de l'évidence, on se retrouve totalement happé par les évènements sans pouvoir décrocher jusqu'à la fin.
Pourvu de multiples facettes, le roman de Damasio ne peut pas vraiment être classé dans la science-fiction, ni la fantasy, ni le fantastique et pourtant il appartient à tous ces genres à la fois. C'est pour cette richesse, l'impression d'avoir tout à porté de main, qu'il mérite le détour.



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